Etablir un Projet de classe

...et je ne suis pas formé, je suis T1, T2...

Malheureusement comme la plupart des collègues d'ULIS. Ce ne sont pas des postes très atractifs et la plupart du temps on commence dans le spécialisé sans vraiment le choisir.  Après parfois c'est trop différent et les gens ne restent pas... Ou ils y prennent goût et y restent pour un bon moment.

Alors en effet ce n'est pas évident et ça nécessite un changement de regard sur son métier qu'on n'est pas obligé d'avoir envie de faire, mais il y a aussi de nombreux aspects qui sont intéressants et plutôt sympas une fois qu'on a réussi à se poser.

Pour ma part j'ai commencé en faisant le choix de la CLIS par défaut, parce que ca me semblait moins déstabilisant que brigade. Et j'y suis restée 14 ans. Et maintenant je suis toujours dans le spécialisé puique je suis maitresse E. Toutes les ULIS sont différentes, mais peut-être quelques idées tirées de mes années d'expérience pourront vous être utiles. 

Mes propos ne seront peut-être pas toujours très politiquement corrects vis-à-vis de l'éducation nationale, je sors de mon "devoir de réserve". Mais, pour l'avoir vécu, il faut trouver comment s'en sortir à travers ces premières années dans le spécialisé... et dire plus ce qui peut aider que ce que disent les textes mais qui n'est pas la réalité de nombreux dispositifs.  Et ce n'est pas l'administration ou la mairie ou les parents qui m'auront aidé dans mon parcours, bien au contraire. Je me suis sentie seule, pas soutenue, l'impression de me battre contre des moulins à vent, de ne rien arriver à faire bouger peu importe l'énergie et le temps que j'y investissais. De donner toujours plus pour ne recevoir que des critiques ou des demandes supplémentaires en retour. Le seul soutien a été celui de la communauté virtuelle avec d'autres enseignants d'ULIS. J'espère que vous pourrez trouver ici quelques pistes pour aborder les choses plus sereinement, ou au moins une piste pour savoir par où commencer.

La question de l'emploi du temps a toujours été épineuse pour moi en ULIS, je tends vers une chose puis vers une autre car il y a toujours des défauts et, comme j'aimerais que tout soit parfait, je corrige un défaut au détriment d'une chose puis je retourne dans l'autre sens ou vers une nouvelle idée...

Au fur et à mesure il y a quand même quelques principes que je garde :

"Qu'est-ce qu'on met et dans quel document en ULIS ? Comment faire pour que ça ne prenne pas des heures à rédiger ?" Ce sont des questions qui ont été posées l'autre jour sur le forum EDP et je me suis rendue compte qu'en effet ce sont des choses qui m'avaient énormément posé problème et pris de temps à la rentrée lors de mes premières années en CLIS.

Seulement voilà, toute réponse est forcément très personnelle et liée à sa façon de faire classe. De plus il n'est pas si évident d'expliciter ce qui relève finalement plus d'un cheminement intellectuel entre ses supports de travail que d'arguments théoriques documentés.

La liste de fournitures est un mini casse-tête chaque année pour moi. D'abord ce dont on a besoin dépend tellement du fonctionnement de la classe que j'ai toujours peur de changer d'avis à la rentrée quand j'aurai fait tourner la classe quelques semaines. Ensuite, je suis toujours tiraillée par le terrible dilemme : école gratuite-mairie qui ne me donne pas assez.

Mes élèves ont chacun une "pochette d'autonomie" qui contient des fiches de travail. Elle m'est très utile à bien des niveaux.

Elle me permet d'abord de différencier en donnant des fiches différentes à chaque enfant en lien avec les compétences travaillées en atelier dirigé.

Elle est bien pratique aussi pour "rattraper" les travail fait pendant les prises en charges, les intégrations, les absences : hop je glisse tout direct dans la pochette.

Elle me permet également d'avoir toujours quelque chose à donner à faire aux enfants : les jours où j'ai pas eu le temps de préparer, les jours où ils y a des élèves qui ont fini tous les exercices de la séquence et d'autres pas, quand il y a un remplaçant, quand les enfants vont en répartition, quand c'est la crise et qu'il faut que je m'occupe d'un élève qui craque, quand il y a un éducateur qui est là et avec qui je dois parler,... "Sortez votre pochette !"

Deux adultes dans la classe, paradis ou enfer ?

Travailler avec un autre adulte en permanence dans sa classe peut être une expérience merveilleuse, enrichissante, réconfortante, tout comme cela peut se révéler être un vrai cauchemar si les personnalités sont incompatibles ou qu'on tombe sur une personne de mauvaise volonté. Etre enfermé dans la même pièce avec une personne qui vous méprise et vous regarde travailler toute la journée en vous mettant les bâtons dans les roues est une expérience dévastatrice.

Quand on pense au statut, au salaire, qui sont accordés à ces personnels indispensables, on comprend aisément aussi que gens puissent ne pas se sentir très motivés et donc s'investir peu.

Et pourtant, la plupart du temps, on rencontre des personnes qui se sentent concernées par le bien-être et les progrès des élèves, qui mettent au mieux possible à profit le temps passé en classe, et qui sont des partenaires de travail irremplaçables.

Dans le projet individuel de chaque élève, je note quels son ses besoins spécifiques, tant sur le métier d'élève, que sur le comportement ou les différents domaines disciplinaires. Pour chaque besoin, j'essaye de noter une aide possible : ça peut-être du matériel, un étayage particulier, une intégration, un support de travail etc.

Pour tout ce qui est de l'aide à apporter de façon systématique par l'adulte ou un tuteur ou d'actions à mettre en place le plus souvent possible, je copie dnas un tableau la liste des choses à faire en fonction des moments de la journée et des tâches. Ainsi j'obtiens un document qui permet d'aider les AVS à repérer les élèves qui ont besoin d'elles et à quel moment, et pour moi (quand j'ai un peu de temps "libre" au milieu du jonglage entre les groupes) de mener des actions ciblées et précises envers les élèves qui sont en travail écrit.

Un schéma pour montrer clairement l'ensemble des structures en lien avec la CLIS du secteur.

Les rituels dans la classe ne se limitent pas aux responsabilitées du matin. En effet, les élèves sont rassurés par un déroulement de la journée identique chaque jour, un présentation des séances faite toujours de la même façon, des exercices avec des formes ou des consignes connues, etc. Et comme ils sont très vite perturbés par tous les changements que je ne peux pas contrôler, j'essaie de faire en sorte que tout ce que je peux ritualiser le soit.

Le déroulement de la journée présente donc quelques étapes clés qui sont aussi des temps de vie de classe (matin et soir) et de transition entre les différents moments de la journée (en cour de journée).

Je laisse le document à portée de main des éventuels remplaçants qui pourront ainsi se raccrocher à un déroulement général pour rassurer les élèves.

J'ai essayé d'établir une liste exhaustive du matériel dont je dispose en classe. Cela peut permettre à un remplaçant de trouver facilement des activités à faire en fonction des objectifs de travail de chaque groupe avec du matériel tout prêt. Et de mon côté, cela me permet de ne pas oublier ce dont je dispose, de pouvoir parcourir la liste pour trouver des jeux (de systématisation ou de réinvestissement) à faire suite aux séquences d'apprentissage.