La méthode "Rue des contes CE1" employée par une collègue met en place chaque semaine une activité de révision des correspondances graphophonologiques que l'on retrouve souvent à ce niveau de classe : lire des mots et les trier selon les différents graphèmes utilisés pour écrire un même phonèmes ou, selon les leçons, voir les différents graphèmes dans lesquels est présente une lettre, ou aussi les différentes valeurs d'une seule lettre.
Pour les élèves en difficulté cette activité est très complexe. Tout d'abord les difficultés en lecture vont rendre la tâche très lourde à gérer : décoder les syllabes, identifier un graphème qui produit un certain phonème alors que l'élève ne sait pas le son produit par de nombreux graphèmes, maintenir en mémoire l'information liée au graphème étudiée, combiner les syllabes pour comprendre le mot (en maintenant les syllabes correctement décodées en mémoire ou en se débrouillant avec les erreurs de décodage commises), et enfin ranger le mot dans le tableau en n'ayant pas oublié ce qui était la consigne de base : la règle de tri.
Si l'on ajoute à cela une activité essentiellement orale (les élèves lisent un mot à tour de rôle et disent oralement où il faudrait le ranger dans le tableau), la tâche devient inaccessible pour les élèves en difficulté qui vont décrocher : ne plus écouter et n'être cognitivement actifs que lorsque ce sera leur tour.
Ils ne travailleront de façon effective qu'une ou deux minutes au cours de toute la séance. Sachant que pour mémoriser ils auraient besoin de plus de répétitions que leurs camarades...
J'ai donc essayé de concevoir un support pour alléger la tâche et en même temps forcer l'engagement cognitif des élèves afin de permettre la répétition de l'activité sur la séance (en vue de mémoriser la procédure de décodage et de mémoriser les correspondances graphophonétiques).
La proposition est donc de mener la même activité que la classe mais sur un support manipulable et visuel afin d'obliger les élèves à être actifs.
Les élèves doivent choisir un mot écrit, le décoder, l'associer avec l'image qui correspond puis le placer dans le tableau de tri.
Ils ne peuvent ainsi pas rester passifs, et si on donne les mots par ligne petit à petit on peut également les empêcher de copier sur le voisin.
D'autres aides sont présentes et modulables selon les besoins (avec le fichier modifiable) :
- le choix des mots : des mots le plus réguliers possible, avec peu de syllabes complexes. Ainsi on limite un peu les difficultés de décodage afin que les élèves puissent arriver à un moment à lire et comprendre le mot.
- le choix du vocabulaire : des mots les plus accessibles possibles pour ne pas rajouter la difficulté de ne pas connaitre le mot, alors que le décodage et l'identification des mots ne sont déjà pas faciles.
- l'aide des couleurs pour identifier les graphèmes complexes (moyen mnémotechnique) avec l'outil Colorization dans la même optique. On peut facilement faire des ajustements selon les besoins avec cet outil sous Word : enlever l'aide des couleurs ou encore faire un découpage par syllabes.
- le nombre de critères de tri : dans la méthode "Rue des contes" il y a parfois jusqu'à 4 ou 5 colonnes dans le tableau. J'ai choisi ici de limiter à 2 ou 3 afin de ne pas noyer les élèves (en utilisant évidemment les graphèmes les plus fréquents).
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